Dans le magazine précédent nous avions parlé de cette inflammation cachée, insidieuse à  laquelle de nombreuses pathologies s’associent. Nous avions mis en avant l’équilibre des graisses, la richesse en Polyphénols de notre alimentation pour à minima réduire cette pression inflammatoire.

D’autres nutriments et tissus sont fortement impliqués dans cette régulation. Ainsi de plus en plus l’équilibre de notre microbiote est ausculté avec attention. Si certains parlent de lui comme notre 2ièmecerveau, à force de lire des études sur les mécanismes régulateurs qu’il engendre, on va bientôt parler de lui comme le chef d’orchestre de notre organisme. Au-delà de son implication immédiate dans les pathologies digestives, lorsqu’il est perturbé on découvre des liens de plus en plus forts entre sa diversité, sa quantité, son équilibre et de très nombreux tissus.

Il est toujours difficile d’identifier telle ou telle souche de probiotiques comme étant responsable de telle ou telle pathologie ; comme il est difficile de savoir si l’inflammation est la cause de la dysbiose, d’un déséquilibre du microbiote, ou si ce dérèglement engendre des médiateurs inflammatoires mais de plus en plus de chercheurs trouvent des concordances entre ces molécules inflammatoires produites également par nos intestins et leurs effets négatifs à distance.

Comme le jardinier qui travaille avec passion son potager, on ne peut que conseiller de protéger notre microbiote qui a son tour protégera notre muqueuse, notre paroi intestinale. Cette barrière, cette porte d’entrée vers notre intérieur n’est formée que d’une seule couche cellulaire. Nos bonnes bactéries défendent cette fragilité.

Le manque de fibres, le manque de fruits, de légumes, de crucifères, d’épices protectrices… ou surtout l’excès de sucres raffinés, de protéines animales, d’additifs, de sel… entraînent des déséquilibrent progressifs et majeurs qui inexorablement modifient en profondeur notre flore microbienne. Flore perturbée qui se met à son tour à sécréter des messagers inflammatoires agressifs pour notre muqueuse. Cette dérégulation engendre une surexpression de nombreuses pathologies comme le diabète, le surpoids, l’atteinte cardiovasculaire et ses facteurs de risque lipidique, des dégénérescences plus profondes et insoupçonnées comme les migraines, les troubles de la mémoire, l’autisme, les troubles immunitaires et auto-immunitaires…

Je ne laisse pas penser que l’équilibre du microbiote serait à lui seul responsable de tout mais ne pas mettre en place des mesures de protection simples serait une erreur et une porte ouverte aux inflammatoires délétères. Si l’alimentation joue un rôle capital, il ne faut pas négliger les tensions nerveuses, l’anxiété, l’irritabilité, le stress… qui sont, eux aussi par la libération de substances inflammatoires, des facteurs de risque pour la stabilité de notre microbiote. Donc « Manger équilibré et dans le calme » sera mon premier conseil pour la sérénité de vos intestins, de leurs occupants… et de vos cellules !

Cet axe « Cerveau – Intestin » est de plus en plus étudié et, à de très nombreuses reprises, les conclusions de ces études tendent à retrouver des composants inflammatoires qui cheminent sur cet axe. La recherche s’intéresse également à ce duo « Cérébro-intestinal » lorsqu’il s’agit d’actifs anti-cancéreux.

Dans la partie 1 nous avions mis en avant le curcuma mais les Polyphénols en général sont des « spots » anti-inflammatoires à faire clignoter le plus souvent possible. Ils allient très souvent les 2 propriétés essentielles à la protection : Anti-inflammatoire et antioxydante !

Tout ce qui réduit l’inflammation, réduit l’oxydation et vice et versa : Thé et catéchines, oleuropéine et hydroxytyrosol de l’huile d’olive, flavonoïdes des fruits, des agrumes, de l’ail, du cacao, de la grenade, anthocyanes des fruits rouges, Resvératrol du raisin (avec modération !), quercétine de l’oignon, l’incontournable curcumine du curcuma, la vitamine PP des épinards, des légumes, les caroténoïdes, la vitamine C, la vitamine E…

« Manger coloré » sera mon 2ièmeconseil pour réduire l’inflammation. La nature nous émerveille sans cesse, ses couleurs attisent notre regard mais cet aspect visuel va bien au-delà de notre rétine car sans cette abondance de Polyphénols nous serions davantage oxydés, enflammés… et ridés !

Certes, le marketing agroalimentaire et sa publicité dévastatrice utilisent ces mêmes techniques d’addiction visuelle mais croyez-moi ce n’est pas dans ces nombreux aliments ultraraffinés et ultra « marketés » que vous trouverez une réponse anti-inflammatoire ou des solutions aux problèmes de surpoids, de pathologies cardiovasculaires, de vieillissement cellulaire !

Pour terminer, notons que le domaine de la cancérologie, qui s’applique à comprendre les phénomènes de mutations cellulaires (Croissance tumorale anarchique s’activant sur une baisse de la vigilance immunitaire, sur un afflux de toxines…) ; regarde de manière attentive tout ce qui pourrait réduire la pression inflammatoire. Comme le titre la « Ligue contre le cancer » dans un de ses éditos « Le cancer, ce mal qui ronge la société » ; venir à bout de ce mal passera par une pluridisciplinarité où les préventions anti-inflammatoires auront une large place !

  

 

Pascal Guerit

Docteur en Pharmacie

DU diététique et Nutrition